ROLAND SABATIER lettrisme

 
 

Exposition 24 avril-14 juin 2014

Catalogue illustré avec textes d’Erik Bullot, Eric Fabre et Roland Sabatier

GARAGE COSMOS

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« (...) Le cinéma de Roland Sabatier se situe à l’interface de deux tendances. Il s’affirme à la fois comme un pur énoncé linguistique, quasi conceptuel, mais laisse ouverte la possibilité de son activation. La parcimonie des performances réalisées tient, bien sûr, à de multiples facteurs. Soulignons l’économie modeste de l’œuvre. Les accidents techniques sont le signe d’une extrême pauvreté de moyens. La non réalisation des œuvres tient aussi à des difficultés institutionnelles et, dirais-je, sociologiques. Les conditions de l’énoncé performatif supposent, selon l’analyse de Pierre Bourdieu, des « effets de domination symbolique » . On peut analyser la place du lettrisme dans l’histoire de l’art à travers cette situation. Mais il me semble que la possibilité de l’échec ménage une ouverture au projet, à la fois expérimentale et participative, à la mesure de sa promesse, proche de la vocation du « film à venir ». Le script reste un énoncé ouvert, labile, au seuil du film ou du réel, proposant « des surfaces blanches, des injonctions brèves, des espaces dissimulés, ou, à la limite, n'importe quoi ou rien », favorisant selon les mots de l’artiste « le pouvoir d’un au-delà de la réalité qui est une réalité impossible, qui n’existera jamais, qui ne pourra même pas être imaginée — et, dans ce sens, inimaginable, plutôt qu’imaginaire.  »

(Erik Bullot, Du cinéma performatif. A propos du cinéma de Roland Sabatier, extrait du catalogue de l’exposition.)



« En dehors d’un certain nombre de films encore inscrits sur la pellicule, comme Le Songe d’une nudité (1968), Évoluons (encore un peu) dans le cinéma et la création (1972), Pour-Venise-Quoi ? (1994), ou encore Propriétés d’une approche (2008), la plupart de mes réalisations renoncent aux supports filmiques traditionnels pour se présenter comme des films parfois sonores, souvent sans image et, plus fréquemment encore, comme des réalisations destinées, non plus à être projetées dans la pénombre, mais à être exposées en pleine lumière. De ce point de vue, toutes les œuvres filmiques choisies par Éric Fabre pour figurer dans Anti-cinéma (lettriste) & Cinémas lointains (1964-1985) sont représentatives de cette démarche purificatrice explorée jusque dans ses conséquences les plus extrêmes vers les limites au-delà desquelles un film ne ressemble plus à un film.

Rejoignant la modernité atteinte avant lui par la peinture, la poésie, la musique ou le roman, ce mode cinématographique finit par ne plus être qu’une réflexion sur le cinéma avant de s’achever dans la moquerie grossière de ce que ce dernier avait été autrefois. Comme dans un musée, « il se fait du simple déballage des éléments qui, autrefois, servaient à faire le cinéma». Ainsi, dans le but de se jouer du cinéma, l’auteur « redevient l’enfant qui joue au cinéma et devient l’ancien cinéaste qui regarde nostalgiquement son passé et celui de son art ».

Comme expressions de l’achèvement et de l’anéantissement du cinéma ciselant, hypergraphique, infinitésimal et supertemporel, ces œuvres s’imposent comme des entités autonomes. Comme telles, elles existent déjà dès l’instant où elles sont (dé-)écrites et publiées. Leur matérialisation éventuelle, secondaire — possible ou non —, peut dès lors être entreprise de différentes manières selon le lieu et le contexte où elles seront portées à la connaissance du public : salle de cinéma, d’exposition, distribution dans la rue ou autres. Ces mises en œuvre potentielles n’apportant que des enrichissements secondaires, propres aux mécaniques ou cadres ponctuellement sélectionnés pour des circonstances données, sans altérer ni modifier la substance formelle intrinsèque des faits esthétiques.

Cette disposition justifiant la réalisation pour chacun de ces films d’un certain nombre de variantes ou de modifications qui ne sont que des adaptations possibles de leurs fondements premiers, seuls essentiels. «

(Roland Sabatier, Inférences et modalités, extrait du catalogue de l’exposition)


«(...) Revenons au récit de ma découverte du cinéma d’avant-garde, nous sommes au milieu des années 70. L’œuvre filmique de Roland Sabatier, je ne la découvrais pas d’un coup, brusquement, mais, comme celle des autres lettristes avec un retard qui m’était imputable. J’étais peu ou prou son contemporain. Bien que tout son art s’effectue dans une lucide et effrayante clarté, j’étais passé à côté de son cinéma lors de notre première rencontre en 1975. Si l’on suit les péripéties de l’œuvre De la Loi de la jungle à la loi des créateurs, décrite dans ce catalogue, cela ne m’avait pas empêché de l’exposer et de l’acquérir par la suite, mais cela bien plus tard. À l’occasion de cette exposition, il y a quelques jours, lorsqu’il me donna un exemplaire de son livre, A l’ombre de, sous l’ombre, sous ombre de, Œuvres esthapéïristes et supertemporelles (Musée super-temporel), renfermant l’annonce de ses 5 Œuvres esthapéïristes constituant ensemble quelques-unes des premières divisions du Musée super-temporel (1974-1976), consacrées, entre autres à La Salle des Lois : De la loi de la jungle à la loi des créateurs (janvier 1975), je saisissais alors l’ampleur de cette œuvre où tous les éléments s’enchaînent et se lient à un maître concept, celui de la participation active, totale et infinie des spectateurs, sorte d’orchestration du futur dans le présent du Musée.»

(Eric Fabre, Le Point de vue de l’amateur: comment Roland Sabatier se fait son cinéma, extrait du catalogue de l’exposition)


GARAGE COSMOS / PROGRAMME


PREMIERE SEANCE

(24 avril-14 juin 2014)


PROGRAMME:

Gravure projetable, 1964

Les Preuves, 1966

Respirez, 1968 (distribué dans la salle)

Movies, 1969

Adieu Méliès, 1969

Entrac’te, 1969

Écoulement, 1969

Hommage à Buñuel, 1970

Pensiez-vous (vraiment) voir un film, 1973

Cinéma avec expressions aimables et laudatives (Film), 1975

Le Film (n’)est (plus qu’)un souvenir, 1975

Une leçon de modestie ou Contribution à une justification inédite de la danse populaire, 1978

Esquisses, 1978 (Réalisé par l’auteur le 23 avril 2014)

Nous étions quelques-uns seulement, 1979

Mise en place de rires justes dans une société injuste, 1985 (diffusé sur moniteur mural).


DEUXIEME SEANCE

(24 octobre-6 décembre 2014)


PROGRAMME:

De la loi de la jungle

à la loi des créateurs (1975)


A voir: Présentation de l’exposition par Roland Sabatier suivi de l’interprétation publique de son film Esquisses, de 1978. (lien)

A lire: Panoramique sur le cinéma de Roland Sabatier  par Anne-Catherine Caron (lien)





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ROLAND SABATIER

ANTI-CINEMA (LETTRISTE) & CINEMAS LOINTAINS (1964-1985)

MOVIES AT A REMOVE: ROLAND SABATIER AND

LETTRIST ANTI-CINEMA (1964-1985)

Pensiez-vous (vraiment) voir un film ? Film polythanasé, 1973