ROLAND SABATIER lettrisme
ROLAND SABATIER lettrisme
LE COSMOS HYPERGRAPHIQUE AU-DELA DE LA GALAXIE GUTENBERG,
CONTRE LE VILLAGE GLOBAL (1990-1991)
Ensemble de 400 x 218 cm constitué de quatorze photographies numériques en couleur (75 x 51 cm) et d'une craie à l'huile sur toile (107x 203 cm) comportant en son centre une encre sur toile (19x 24 cm).
(Légendes : C= Création; K: Kladologie; H: Hypergraphique (Ecriture); M: Matériel; MEC: Méca-esthétique intégrale; R: Récepteur, Référent; P: Puissance; C: Code, Concept; I: Informations; F: Force)
"(...) Le Cosmos hypergraphique au-delà de la "galaxie Gutenberg", contre le "village global" est le titre général d'une dizaine de pièces, toutes de format identique, qui ont en commun, outre le recours sur le plan mécanique, extra-plastique, au traitement sur ordinateur et à la palette graphique, de fixer son objectif thématique sur la critique de "L'Esthétique de la communication", accusée, à l'image des théories du sociologue Marshall Mc Luhan, de surdéterminer l'importance des "nouveaux médias" (sic) à partir desquels ils prétendent concevoir un bouleversement formel inédit.
L'ensemble présent tente de démontrer que les médias actuels ne sont qu'un fragment minuscule arbitrairement détaché de l'ensemble des médias possible et, au-delà, ) à la méca-esthétique intégrale qui est le territoire de la totalité des supports et des outillages scientifiques et techniques destinée à soutenir le poly-écriture hypergraphique, qui embrasse l'ensemble des signes de la communication, là où le groupe critiqué n'envisage dans ses réalisations que le recours à la mono-écriture alphabétique banale."
Les textes figurant sur les différentes parties de la réalisation:
1 - A contrario des "artistes et des auteurs de l'esthétique de la communication" qui considèrent que les nouveaux médias - c'est-à-dire une partie arbitrairement privilégiée de l'ensemble des mécaniques des moyens de la communication - transforment notre culture et notre sensibilité, je pense que v'est la création dans l'ensemble des branches du Savoir (artistique, philosophique, scientifique) et de la vie qui transforme notre culture et nos sensibilités, de même qu'elle transforme les médias qui, comme de simples supports des valeurs de ces branches, contribuent à élargir leur champ de propagation.
2 - Contrairement aux artistes des médias qui affirment vivre dans une société médiatique, c'est à dire dans un monde marqué par les seuls apports enregistrés dans une dimension unique du savoir - précisément celui des moyens de communications -, je vis dans une société kladologique, c'est ) dire dans un monde constitué par les créations issues de l'ensemble des branches de l'art, de la science, de la philosophie, de la théologie et de la technique dont les médias, comme de simples outils, répercutent et propagent les apports et les valeurs.
3 - La seule écriture capable aujourd'hui de dépasser l'écriture alphabétique ne peut être que l'écriture hypergraphique, basée sur l'intégralité des signes conceptuels et non conceptuels, analogiques ou digitaux, existants et à venir, et non les "nouvelles écritures" provenant des "nouveaux médias" capables tout au plus de perfectionner ou d'améliorer de l'extérieur les notations de la super-écriture.
4 - A l'opposé des auteurs et des artistes des "nouveaux médias" qui déclarent la supériorité des réseaux et l'activité des circuits sur les informations et les contenus spirituels et pratiques du savoir, je considère que les réseaux et l'activité des circuits, simples fragments de l'intégralité des mécaniques des moyens de communication, résultant eux-mêmes des informations et des contenus des branches de la culture, n'ont de valeur qu'en fonction de ces mêmes informations et contenus dont, comme autant de supports ou d'outillages de réalisation, ils assurent l'émission et la propagation.
5 - A l'encontre des auteurs qui, par la surdétermination aveugle et arbitraire du rôle des moyens de communication, nient les découvertes dans la dimension des signes et de la notation, j'indique ici que ce sont les signes, c'est-à-dire les équivalents sonores et visuels des réalités forgées par les branches de la culture, qui définissent la communication et que la structure la plus riche et la plus complète des éléments de descriptions et d'échanges est représentée, aujourd'hui, par l'écriture hypergraphique ou la super-écriture basée sur l'intégralité des transcriptions acquises et à venir, aux référents continuellement enrichis par la création et la kladologie des lettristes.
6 - Représentant l'intégralité des moyens de la communication visuelle et auditive, l'hypergraphie est le lieu où les anciens concepts de référent, de médias, d'émetteur, de récepteur, de code et de messages, de signifiants et de signifiés, de translation, etc., s'énoncent, redéfinis comme signes lexiques, idéographiques et alphabétiques fixés par les composants de la méca-esthétique intégrale et fondés sur la créatique en relation avec l'ensemble des branches du savoir.
7 - A l'inverse des "artistes de la communication" qui affirment que le présent et l'avenir de l'art se trouvent dans les aspects formels et fonctionnels des échanges déterminés par les nouveaux moyens de communication, il s'avère que le présent et l'avenir de l'art ne peut se trouver que dans une forme qui est aujourd'hui la forme hypergraphique embrassant dans une écriture unitaire l'intégralité des signes lexiques, idéographiques et alphabétiques passés et à venir, et que le présent et l'avenir des supports formels ne peut se trouver sue dans la méca-esthétique, contenant tous les outillages et matières possibles envisagés comme de simple fondements para-formels;
8 - Contre le "village global" où les seuls nouveaux médias privilégiés propagent les informations réactionnaires et stupides des escrocs culturels et pratiques du monde entier, il faut imposer le "villa créateur et kladologique" dans lequel tous les apports et tous les moyens de communication possibles, existants et à venir, contribueront à a propagation des valeurs théoriques et utilitaires quintessentielles dévoilées par les créateurs dans les différents territoires de la culture.
9 - Contre les défenseurs des "nouveaux médias" qui affirment que les créations résultent de la communication établie entre les êtres par l'intermédiaire des outils et des réseaux actuels d'émission, de captation ou de réception, je note ici que, d'une part, les valeurs révélées par les créateurs dans les disciplines culturelles et vitales préexistent à la perception et à l'échange; et, d'autre part, que la communication est, par rapport à ces valeurs, une dimension supplémentaire, postérieure, constituée en secteur technique particulier dont les éléments et les outils sont forgés pour leur permettre de circuler, de s'échanger et de se socialiser.
10 - Les "artistes des médias" expliquent pouvoir approfondir la communication grâce au fonctionnement des nouveaux appareils. Tout autrement, je pense que la surdétermination des seuls nouveaux médias réduit et falsifie la communication d'abord, par rapport à la totalité des médias possibles, anciens et à venir, représentés par les ressources naturelles et industrielles offerte par l'homme, l'animal, le végétal, le cosmique, le physico-chimique et la réflexion, et ensuite, par rapport aux dimensions complémentaires de la culture et de la vie, et notamment, des valeurs respectives de ces dimensions, dont les équivalents lexiques sont incarnés par les signes embrassé par l'univers hypergraphique.
11 - Utilisez toutes les techniques des moyens de communication, depuis le télégraphe, le téléphone, la presse, la radio, la télévision, les vidéogrammes, le vidéodisque et la vidéo cassette, les systèmes de vidéographie avec le télétexte et le vidéo texte, les dispositifs d'accès individuels à des programmes chiffrés, la télédistribution et la télématique, les satellites de télécommunications et de diffusion directe ainsi que leurs composants intermédiaires, la palette graphique, les réseaux hertziens, pour remettre à la leur place les réalisations falsificatrices des artistes qui exaltent les médias au détriment des formes esthétiques en n'apportant aucun élément neuf.
12 - Vive les nouveaux médias remis à leur place dans l'ensemble des techniques de la communication, elles-même intégrées dans la méca-esthétique et rangées à leur niveau juste, para-formel, de simples supports ou outillages de l'art. Naturellement, j'inscris cette information sur l'ordinateur à l'aide de l'écriture hypergraphique et non en termes d'écriture alphabétique ou de représentations figuratives, aujourd'hui dépassés. Imaginez que vous découvrez ce message à travers un moyen de communication infinitésima!.
13 - Utilisez les nouveaux médias pour ne rien communiquer et considérez que vous réalisez une oeuvre d'anti-communication. Utilisez les nouveaux médias pour ne communiquer que des messages créateurs et réalisez une oeuvre de super-communication. utilisez n'importe quels éléments visibles ou invisibles (par exemple un navet, l'air de Paris ou une injure particulièrement grossière) pour incarner des médias esthapéïristes ou infinitésimaux aptes à acheminer jusqu'aux confins du cosmos, des galaxies et au-delà, des messages imaginaires et inconcevables.
Exposition:
Galerie de Paris en septembre 1991
Villa Tamaris dans Lettrisme: vue d'ensemble sur quelques dépassements précis (22 oct-28 nov 2010).
Avec pour sous-titre Les Concepts, six photographies également réalisées à la palette graphique ont été tirées à 5 exemplaires et présentées en janvier 1991, par la Galerie Artcade à la SAGA91
Bibliographie:
(Collectif) La Peinture lettriste (p.92), Ed. Jean-Paul Rocher, Paris 2000.
Partiellement reproduit in Lettrisme: vue d'ensemble sur quelques dépassements précis, (p. 216), Ed. Villa Tamaris/ La Nerthe, 2010.
Les 15 photographie originales qui composent l'oeuvre ont été réunies sous le titre de Le Cosmos hypergraphique au-delà de la galaxie Gutenberg, contre le village global. Quinze photographies dans une enveloppe matelassée (17,5 x 25 cm) ornée d'une étiquette imprimée. Tirage à 20 exemplaires signés et numérotés par l'auteur. Ed. Psi, 1990.
Installation à la Villa Tamaris Centre d'Art, en 2010, dans le cadre de l'exposition Lettrisme: vue d'ensemble sur quelques dépassements précis; à gauche, "Hypergraphie" (1978) de Micheline Hachette