ROLAND SABATIER lettrisme

 
 

Boîte métallique de film 35 m/m (28,5 cm de diamètre) présentée avec une étiquette collée portant en caractères dactylographiés le nom de l’auteur, le titre de l’œuvre et sa date de réalisation. Signé à la mine de plomb au centre.

ARC 66-241 (Collection Éric Fabre, Bruxelles)

Répliques réalisées en 1997 en italien et anglais; en 2005 en allemand, russe, chinois et espagnol.

Une édition française a été publiée en 2005 à 5 exemplaires signés et numérotés.

Version vidéo DVD, 26’, réalisée par lesProductions Psi, 2010.


Une boîte métallique hermétiquement fermée renfermant ou non une bobine de pellicule est donnée à voir aux spectateurs dans le dessein de les conduire à imaginer sur le plan absolu de l’esthétique infinitésimale une réalisation filmique in-imaginaire, impossible ou inconcevable dont les formes, dans le montage, l’image et le son, dépasseront toutes les beautés concrètes.

Ce film a été présenté pour la première fois en public à l’occasion de l’exposition Lettrisme tenue, en octobre 1966, à la Bibliothèque nationale de Paris. (R.S.)


COMMENTAIRES :

Extrait de "Panoramique sur quelques œuvres de l’Anti-cinéma lettriste", d’Anne-Catherine Caron, in "L’Anti-cinéma Lettriste 1952-2009, Choix d’œuvres", éditions Zero Gravità, Sordevolo, 2009.

" Les Preuves, de 1966, nous replonge dans l’au-delà de l’immobilisme, précisément dans la l’intra-mobilité de l’art infinitésimal. Ce cinéma imaginaire se présentifie ici par le biais d’une boîte de film fermée à partir de laquelle l’amateur comprend qu’il est seul à pouvoir concevoir tous les composants de la réalisation. Le paradoxe de cette œuvre qui n’existe pas tient au fait qu’elle est censée, au seul énoncé de son titre, nous donner la preuve de son existence. La pellicule, sans doute placée à l’intérieur, étant vouée à ne jamais être dévoilée. En tant que telle, elle est l’un des points extrêmes de l’aboutissement du cinéma et le comble de la beauté absolue auquel cet art pouvait accéder. Ce cinéaste du vide dit aussi qu’il chérit les idées simples, limpides et explicites, sans ambages, qui n’accumulent pas trop de concepts différents. Ici, il parvient au chef-d’œuvre sans fatiguer le spectateur. Sans référence avec le sous-titre de la dernière partie du Traité de Bave, auquel il fait penser, le titre donné à ce film a été dicté à l’auteur par le « désir de montrer ce qui demeure lorsque, justement, il n’existe plus rien. » Cette preuve est celle, encore tangible, d’une irréalité qui se réalise uniquement dans les méandres du cerveau des spectateurs.


Extrait de "Cinema by other means", de Pavle Levi. Ed. Oxford University Press, New York, (p.p. 89- 90-106-110), 2005.

“ This faith is exemplified in works such as Sabatier’s already discussed Evidence, which advanced the premise that presenting the viewer with a can of film would suffice to trigger their « mental » cinema. And yet, despite their diametrically opposed perspectives and aims, it is hard not to notice that there really is no significant difference in the immediate appearance of Remembrance and Evidence : one is a box filled with film, the other  a can of film. True, the former wants to subordinate cinema to film, idea to matter, while the latter seeks the observe – to negate film in the name of cinema, to assert the primacy of idea over matter. But the same belief in a self-sufficient and Absolute principle equally motivates Djuric’s « vulgarly materialist » and Sabatier’s « naïvely idealist » gestures. The search for the singularity of the cinema overlap in what amounts to a starkly similar appearance of the two works. Alain Badiou’s words ring true here : « Absolute idealism and strict materialism are indiscernible as far as the real is concerned, being merely two designations for monism.”


EXPOSITIONS :

Lettrisme, Bibliothèque Nationale de Paris, 1966 (Figure au catalogue).

Jargonneurs et écrituristes, Musée des Beaux-Arts de Toulon, 1989.

Berkeley Art Museum, Pacific Film Archives, San Francisco, 1998

Le Lettrisme , Cinémathèque française, 20 février 1998

Roland Sabatier : Films en exposition (1966-1999), Cudot, La Plucherie, 1999.

Proximamente en esta pan talla : el cine lettrista, entre la discrepancia y la sublimation. MAC(BA), Barcelona, 2005.

L’Anti-cinéma lettriste (1952-2009) Villa Cernigliaro, Sordevolo, Italy, 2009

Roland Sabatier, Anti-cinéma (lettriste) & Cinémas lointains 1964-1985, Garage Cosmos, Bruxelles, 2014.


BIBLIOGRAPHIE :

Roland Sabatier, Œuvres de cinéma (1964-1978). Publications Psi, 1978.

Le Cinéma lettriste, ciselant, hypergraphique, infinitésimal et supertemporel. Filmographie. Ed. Centre National d’art et de Culture Georges Pompidou, 1983.

Roland Sabatier, Œuvres de cinéma (1963-1983). Préface de Frédérique Devaux. Publications Psi, 1983.

(Catalogue), Christian Schlatter, L’Art infinitésimal ou imaginaire (1956-1988). Ed Galerie de Paris, 1988.

(Catalogue), Jargonneurs et écrituristes, Musée des Beaux-Arts de Toulon, (de l’exposition), éd. Musée des Beaux-Arts , Toulon, 1989.

Le cinéma lettriste (1951-1991) de Frédérique Devaux. Ed Paris expérimental, Paris, 1991.

Le cinéma sur le mode de ne pas l’être de Roland Sabatier de Gérard Bermond, in Jeune, dure et pure. Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France. Ed Cinémathèque française et Mazzotta, Milan, 2001. (pp. XVI, 20, 189, 204-206).

Collectif, Encyclopédie du court métrage français, Ed. Yellow Now, Paris 2004 (p. 236)

(Catalogue), Anne-Catherine Caron. Le film en exposition comme fin du cinéma, dans Figures de la négation, avant-gardes du dépassement de l’art. Ed. Paris Musés, Paris 2004. (p.p. 172-173).

Catalogue). Proximamente en esta pan talla : el cine lettrista, entre la discrepancia y la sublimation, de Eugéni Bonet et Eduard Escoffet, Ed. MAC(BA), Barcelona, 2005 (pp. 301-341)

(Catalogue), L’Anti-cinema lettrista: il cinema senza il cinema, in «L’Anti-cinéma Lettriste (1952-2009), Choix d’œuvres», Editions Zero Gravita, Sordevolo, Italy, 2009.

Le Lettrisme : le Bouleversement des arts, de Guillaume Robin, éd. Hermann (p.97), 2010.

Pavle Levi, Cinema by other means, éd. Oxford University Press, 2012 (p.p. 89, 90, 106, 110).

Erik Bullot, Eric Fabre, Roland Sabatier, Anti-cinéma (lettriste) & Cinémas lointains, 1964-1985, éd. Garage Cosmos, Bruxelles, 2014.

Erik Bullot, Le Film et son double (Boniment, ventreloquie, performativité), éd. MAMCO, Genève, 2017, (p. 91).


COLLECTIONS PRIVEES ET PUBLIQUES

Eric Fabre, Bruxelles.

MACBA, Barcelone (version en espagnol)






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Roland Sabatier

LES PREUVES (Film infinitésimal)

1966