ROLAND SABATIER lettrisme
ROLAND SABATIER lettrisme
VILLA TAMARIS CENTRE D'ART
Commissariat général : Roland Sabatier
Commissariat délégué : Robert Bonaccorsi
Vernissage le 22 octobre à 18 h.
23 octobre-28 novembre 2010
Du 23 octobre au 28 novembre 2010, la Villa Tamaris Centre d’Art présente une exposition qui, sans toutefois viser à la rétrospective, rassemble un choix représentatif d’œuvres conçues par différents artistes du groupe lettriste depuis 1945, date de la création par Isidore Isou (1925-2007) de ce mouvement culturel.
Le titre de la manifestation reprend l’expression de Roland Sabatier, le commissaire, lui-même présent dans l’exposition, qui retrace l’histoire de cette école dans les arts visuels comme une somme d’apports successifs s’approfondissant sans cesse et dépassant chaque fois les précédents par des apports inédits.
Constituée à l’origine autour d’une nouvelle poésie et d’une nouvelle musique, cette école élargira rapidement le champ de ses investigations pour dévoiler tour à tour d’inédites analyses et propositions en rapport avec les secteurs du Savoir les plus variés comme les arts plastiques, le roman, le théâtre, la photographie, le cinéma, l’économie politique, la linguistique, etc.
Ajoutant des valeurs originales aux valeurs passées, son rôle n’a jamais consisté qu’à poursuivre créativement les contenus de secteurs déterminés des différentes disciplines du Savoir pour en élargir les richesses : dans les seuls arts visuels, si, après Marcel Duchamp, la Peinture lettriste apparaît en 1944-45, c’est en 1950 qu’avec l’Hypergraphie elle concentrera l’immensité des signes de la communication, pour s’ouvrir, dès 1956, à l’Art imaginaire qui, à son tour, se développera en 1992 dans la structure de l’Excoordisme. En dehors de l’art plastique, les composants de ces arts autonomes pénétreront le roman en 1950, la photographie en 1951, la chorégraphie en 1960, l’architecture en 1966. Par ailleurs, la théorie du Supertemporel définira, dès 1960, la place de l’intervention du public dans l’œuvre d’art. Tous ces champs, déjà marqués par des réalisations nombreuses, demeurent, toujours aujourd’hui, ouverts à d’innombrables et nécessaires explorations à venir.
Quarante-deux ans après l’ouverture d’une salle lettriste au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, dix-sept ans après la participation de ce groupe à la Biennale de Venise, et, à la suite de multiples manifestations organisées autant en France qu’à l’étranger, l’actuelle exposition fait état, à un instant précis, de différents moments de cette histoire. À partir de quelques-uns des exemples pris parmi ceux qui ont participé, de 1944 à aujourd’hui, à sa vie et à son évolution, sa conception produit un choix suffisamment représentatif pour informer sur la valeur des positions et la diversité des propositions, demeurées encore et obstinément méconnues, de ce mouvement d’avant-garde.
Naturellement, la nature holistique d’un tel programme le rend difficile à maîtriser et, à plus de raisons encore, à en appréhender ses données dans le cadre étroit d’une seule exposition. Ceci justifiant le choix du resserrement de la présente manifestation aux expressions plastiques et, plus marginalement, à l’extension de ces dernières à quelques autres arts visuels comme le cinéma ou la photographie. C’est au catalogue, attaché à l’exposition, que revient dans une certaine mesure la charge de rendre compte, par des textes et des documents, du contexte général dans lequel ces œuvres s’inscrivent et à l’intérieur duquel, habituellement, elles puisent leurs thèmes.
L’exposition retient dans l’œuvre de chacune des personnalités présentées les quelques pièces ou ensembles, généralement de grands formats, qui apparaissent les plus représentatifs, les plus emblématiques d’apports particuliers, précis, cela, sans ne jamais perdre de vue la nécessité de démontrer la diversité, c’est-à-dire la richesse des formes propres au Lettrisme visuel et à son évolution vers des voies plus avancées encore. A cet impératif, les œuvres réunies semblent répondre efficacement, dans le sens où, même sans compter la présence d’Isou qui est fortement marquée — avec notamment la reconstitution de son exposition consacrée à l’Art supertemporel, en 1960, à la galerie l’Atome —, elles couvrent l’étendue constructive et destructive, effectuée sur plusieurs décennies, des arts des signes et de l’imaginaire, fondés sur la Méca-esthétique et la structure formelle de la participation du public. En fait, plus qu’un choix de noms déterminés, cette exposition reste, dans les intentions mêmes qui ont présidé à son élaboration, un choix d’œuvres.
Si, jusqu’à présent, certains s’accordaient à affirmer que les théories du Lettrisme prévalaient sur une pratique qui n’existait pas, le Centre d’Art de la Villa Tamaris démontre qu’avec cette exposition un plus grand nombre découvrira qu’en dehors des théories, mais en complémentarité avec elles, des œuvres majeures existent et s’imposent. Tant sur le plan des formes plastiques que sur celui des supports et des matériaux employés, ces expressions témoignent de l’originalité de ce mouvement et de son influence sur plusieurs courants et artistes contemporains surgis ultérieurement. L’Internationale lettriste, le Situationnisme, la Poésie sonore, la Nouvelle vague cinématographique, l'Art conceptuel, le Body-art ou, encore, les performances lui sont redevables de nombre de ses apports.
Tout en permettant de découvrir ou de redécouvrir ces réalisations, la présentation offerte par la Villa Tamaris Centre d’Art constitue un ensemble esthétique spectaculaire, en même temps qu’une source de documentation importante.
Artistes: Isidore Isou, Gabriel Pomerand, Roland Sabatier, Micheline Hachette, Alain Satié, Jean-Pierre Gillard, François Poyet, Broutin, Woodie Roehmer, Anne-Catherine Caron, Virginie Caraven et Damien Dion.
Catalogue : Édition française, 24 x 16 cm (broché).
264 pages (208 illustrations couleur). Textes de Robert Bonaccorsi, Isidore Isou, Roland Sabatier, Philippe Blanchon, Éric Fabre, Catherine Goldstein, Sandro Ricaldone, Anne-Catherine Caron. Éditions Villa Tamaris Centre d’Art / La Nerthe. Diffusion : Les Belles Lettres.
En couverture: Isidore Isou en 1951 dans son film Traité de bave et d'éternité.
SOMMAIRE DU CATALOGUE
Robert Bonaccorsi: Vue partielle sur quelques ressassements palingénésiques.
Roland Sabatier: Vue d'ensemble sur quelques dépassements précis.
Philippe Blanchon et Roland Sabatier: Quelle exposition pour le lettrisme?
Philippe Blanchon: Isou, le lettrisme et les lettristes.
Isidore Isou: Mode d'emploi du supertemporel.
Roland Sabatier: Le dit et le lit dans "Initiation à la haute volupté."
Sandro Ricaldone: La marche sans fin du film supertemporel.
Isidore Isou: Manifeste du télescripto-peinture.
Eric Fabre: Isidore Isou et la Méca-esthétique.
Catherine Goldstein: Les mathématiques comme hypergraphie.
Isidore Isou: Explications sur la Créatique ou la Novatique.
Anne-Catherine Caron: Narration et prose dans le lettrisme.
Isidore Isou: Du sourire de la Joconde à l'hyper-sourire et à l'hyper-rire d'Isidore Isou en passant par un hommage à Marcel Duchamp.
Roland Sabatier: La mémorisation esthétique.
Isidore Isou: Œuvre d'art corporel.
Roland Sabatier: Du Soulèvement de la jeunesse à la carte de la culture.
Roland Sabatier: Positions du Lettrisme.
Isidore Isou: En guise de conclusion provisoire.
VILLA TAMARIS Centre d’Art
Communauté d´agglomération Toulon Provence Méditerranée
Avenue de la Grande Maison 83500 La Seyne-sur-mer
Tél: 04 94 06 84 00 /
Fax : 04 94 30 71 89
Salles rez-de-jardin / Tous les jours de 14h à 18h30, sauf les lundis et jours fériés
BANDE-ANNONCE DE L'EXPOSITION
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LETTRISME: VUE D'ENSEMBLE
SUR QUELQUES DEPASSEMENTS PRECIS
Vue partielle de la reconstitution de la salle des oeuvres supertemporelles présentées par Isidore Isou en 1960 à la galerie l'Atome